POLITIQUE 

Bénin : quelques réactions suite à la démission de Candide Azannaï (ministre de la défense)

Au Bénin, c’est la démission du gouvernement du Président Talon de Candide Azannaï, Ministre délégué auprès du Président de la République chargé de la Défense Nationale, qui fait le chou gras des médias sociaux et des médias en ligne. Une démission qui ne laisse personne indifférent.

Interrogés par la rédaction de Bénin Web Tv, Landry Vodji, Nourou-Dine Saka-Saley, Dine Adéchian, Léon A. Koboude, Jerry Sinclair et Joseph Perzo nous ont livré leur lecture, à chaud, de cette décision de démission du Ministre qui fait grand bruit dans le pays. Adéwalé A. Assikidana, Aboubacar Takou et Romuald Boko, ont, quant à eux, livré leur opinion sur le sujet sur les médias sociaux. Voici pour vous la compilation de ces réactions sur la démission du Ministre Azannaï.

Landry Vodji, Président de l’Association des Web Activistes du Bénin

 C’était prévisible. On se souvient que Azannaï a quitté le gouvernement du changement quelques mois plus tard après la prise de pouvoir de Yayi BONI pour se constituer opposant et dénoncer ce qu’il a appelé en son temps la dictature d’un homme enclin au populisme. On se souvient également de toutes ses actions qui ont concouru à l’avènement de la « Rupture ». Qu’il démissionne aujourd’hui du gouvernement de celui pour qui il a pris les risques les plus fous, jusqu’à pratiquement traîner dans la boue la personne de l’ex-Président, est un acte qui sonne comme un coup de tonnerre.

Cela traduit le profond malaise et l’atmosphère en déconfiture qui règne au sommet du pays. De mémoire de béninois, après Houngbédji à l’époque du feu Kérékou, Azannaï vient de rentrer dans l’histoire en claquant la porte d’un gouvernement. Il faut noter aussi que son silence était déjà trop lourd et annonciateur de surprises désagréables. J’espère que le Président prendra acte conséquent de cette démission pour recadrer ses élans et redresser la barque Bénin. En attendant les raisons profondes qui ont motivé sa démission, voilà ce qu’on peut dire.

Nourou-Dine Saka Saley, Juriste

Au-delà des raisons personnelles et subjectives propres à l’intéressé et sa présence au gouvernement, dont nous ne pouvons avoir connaissance, le ministre démissionnaire, dont il faut saluer le courage serait bien embêté s’il devait en tant que membre du gouvernement, faire campagne pour un référendum fortement probable, que le gouvernement auquel il appartient voulait éviter.

C’est la suite qui sera difficile. Il faut que le Président trouve un ou des remplaçants (au cas où ce ne serait pas un acte de démission isolée) qui ont une bonne image populaire, en plus de leur utilité certaine, pour atténuer un peu la descente de popularité du gouvernement.

Jerry Sinclair, Spécialiste de marketing social, promoteur de la web-radio Waka Waka

 Je pense qu’avant d’écouter sagement sa version officielle, on peut se permettre de relever quelques points. Politiquement l’homme est mûr. De plus, il aime sa liberté. Donc si on revient dans le contexte actuel, 1- Candide est un ministre délégué, donc limité. 2- Il a semblé timoré depuis plusieurs mois car n’ayant certainement pas les coudées franches. Le chef de l’Etat étant probablement trop impliqué dans les questions de défense et de sécurité. 3- A ceci, il faudra éventuellement ajouter les derniers développements sur le plan politique et de la gestion de la cité. Je veux citer les questions de déguerpissement sauvage sans suite rapide, les incompréhensions résultant de la nouvelle constitution introduite en étude, les taxes multiples dans un environnement où les populations sont financièrement affaiblies etc.

Il se raconte aussi que le Chef de l’Etat ne fait pas la part des choses entre la persévérance et l’obstination. Dans ces conditions, connaissant Candide Azannaï tel que nous le connaissons, il peut effectivement exprimer un malaise. Surtout lorsqu’on se souvient des rudes combats qui étaient les siens jusqu’à l’avènement du présent régime.

Dine A. Adéchian, Consultant financier, analyste politique

 Personnellement, je ne suis pas surpris de la décision de l’intéressé compte tenu de son silence inhabituel qui cachait un profond malaise depuis bientôt un an. Qu’ils vous souviennent que ses dernières apparitions médiatiques remontent à décembre 2016 lors du lancement du Programme d’Actions Gouvernementales (PAG). Il faut prendre acte de cette démission qui marque une friction politique avec les réformes institutionnelles et constitutionnelles initiées par le gouvernement de Patrice Talon.

Il revient au chef de l’Etat, seul élu et responsable devant peuple béninois, de tirer les conclusions de cette démission. C’est aussi l’occasion de lui rappeler ainsi qu’aux autres membres du gouvernement les priorités du peuple béninois : l’amélioration du panier de la ménagère, l’emploi des jeunes, la santé, l’accès à l’eau, l’éducation. L’urgence n’est donc pas à la révision de la constitution ou à la multiplication des taxes fiscales qui asphyxient davantage le pouvoir d’achat des Béninois.

Léon A. Koboudé, Expert en communication politique et publique

 Candide Azannaï est un poids lourd de la galaxie Talon. Il a joué un rôle de premier rang dans l’accession au pouvoir de Patrice Talon. Depuis mars 2016, l’homme s’est emmuré dans un silence troublant. Certaines rumeurs ont fait part de son mécontentement suite à certaines décisions du Président de la république. Sa démission est-elle liée à la démarche détestable du Président dans le processus de révision de la Constitution ? On ne peut rien confirmer vu que le concerné lui-même n’a pas encore communiqué sur le sujet.

Une chose est certaine, c’est que le départ d’Azannaï est un coup dur pour Patrice Talon. Symboliquement. Cela illustre aussi l’incapacité du Président à gérer les contradictions au sein de sa majorité politique. Autorise-t-il des voix discordances dans sa majorité ? La question mérite d’être posée. Cela dit, Candide Azannaï ne représente pas un électorat très important. C’est un acteur politique courageux et activiste. Son départ est un désaveu pour le Président Patrice Talon qui a dû mal à respecter ses engagements vis-à-vis des membres de la Coalition de la Rupture.

Adéwalé A. Assikidana, web activiste

 Je prendrai le contre pied parfait de certains compatriotes. Il est vrai que pour une lutte, la logique veut que nous acceptions tout le monde. Mais ici je fais appel à l’éthique. Oui c’est un coup pour le régime ! Mais d’où venons-nous ? Quel rôle a t’il joué dans le processus qui a conduit ce pays dans sa situation actuelle ? Qu’était-il prêt à faire si son plan n’avait pas abouti le 20 mars 2016 ?

Chers compatriotes, ne soyons pas amnésiques. Candide Azannaï est tout sauf un exemple. Oui ! Un opportuniste. Il ne faudrait pas qu’il profite de la situation pour se venger comme d’habitude du système Talon. Qu’il trouve un autre moyen pour gérer sa frustration de ministre « délégué ». C’est lui l’homme qui n’avait pas besoin de garde du corps, pour déloger un Président de la République. (…) Il ne mérite aucun respect encore moins une célébration. Azannaï une honte !

Joseph Perzo Anago, Journaliste, Consultant

 Pour ma part, et en attendant d’autres canaux plus fiables, qui viendront confirmer cette décision du Ministre Candide Azannaï, cette nouvelle ne me surprend outre mesure. Des signes avant-coureurs profilaient ce que d’aucuns qualifieront de séisme politique au sein du gouvernement Talon. Le silence assourdissant de « l’homme de Joncquet » et les sorties sans fard ni gants de l’honorable Guy Mitokpè, suppléant de Candide Azannaï à l’hémicycle, en disaient bien long sur le pourrissement des rapports entre Patrice Talon et son grand compagnon de lutte. Qu’il en vienne à déposer tôt ce lundi, sa lettre de démission n’est que la concrétisation d’un acte attendu.

Candide Azannaï ne devrait pas bien se sentir dans sa peau d’activiste et d’acteur patenté de la chose politique, et surtout, personnage populaire qui n’avait pas sa langue dans la poche, brutalement contraint à l’omerta. Mieux, coupé de sa base qui l’accuse à tort ou à raison de l’avoir trahi au regard de la déliquescence de la situation sociopolitique qui a court depuis l’avènement du régime dont il a contribué à la prise de pouvoir. Candide Azannaï à mal dans son être. Et la voie de la démission semble être la seule issue qui s’offre à l’homme pour se mettre en harmonie avec lui-même.

Aboubacar Takou, Journaliste

 On ne quitte pas une baraque qui tangue. On s’érige en capitaine au besoin, pour sauver les meubles. Candide Azannaï est trop grand à mon entendement pour sauter du navire à une période aussi sensible que celle de la révision ou non de notre constitution. Il aurait pu donner sa panacée, s’il le faut, publiquement, pour sauver son ami et frère, Talon, et par voie de conséquence, le Bénin. Mais il a plutôt choisi ce qui a tout l’air d’une fuite. Les vrais gastronomes des arts de la guerre pour de grandes victoires, ont déjà donné un nom à ce comportement : lâcheté.

Comme on fait son lit , on se couche, dirait l’autre. Azannaï fait partie de ceux qui nous ont vendu le label Talon sous un emballage en or, il devrait assumer son erreur si erreur il y a et aider à ramener la barque sur le bon chemin. Quitter le navire en haute mer  n’a rien d’héroïque. A-t-il pensé aux passagers que nous sommes ? S’il y a réellement péril en demeure comme il a semblé le dire sur sa page Facebook, le Azannaï que je connais, allait tout faire pour sauver ce peuple.

Il va s’en dire que le ministre délégué à la défense a plutôt des problèmes de ménage avec l’époux qu’est le Chef de l’État. À moins qu’Azannaï nous donne des raisons qui puissent justifier d’aller à cette extrémité. C’est lui qui nous a vendu du Talon emballé. S’il le renie aujourd’hui à travers cette démission, alors, je dis qu’il n’a pas suffisamment du flair politique pour nous recommander à l’avenir un autre homme et ce serait une erreur politique fondamentale qui va le suivre telle une sale grippe.

Romuald Boko, Web activiste

 Azannaï doit assumer. Comment accepter une démission aussi ignominieuse ? Comment ne pas demander à Azannaï d’assumer la supercherie créée, montée, et mise en scène par ses soins ? Comment ne pas l’interpeller après cette duperie? Contrairement à certains béninois qui s’en félicitent, il est évident que Candide Azannaï est l’un de ceux qui ont conduit le peuple (65%) dans la misère ambiante. NON! Azannaï ne doit pas démissionner. Il doit être éjecté avec le système qu’il a créé.

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One Thought to “Bénin : quelques réactions suite à la démission de Candide Azannaï (ministre de la défense)”

  1. je vien de lire ton article , super merci pour l’article.

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